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LES TABLEAUX STATIQUES


tableaux unidimensionnels

généralités

Un tableau permet de regrouper dans une structure plusieurs valeurs scalaires de même type. Pour permettre une maintenance aisée du programme, la dimension doit être définie par une constante. C'est cette dernière qui sera utilisée pour les tests de dépassement (peu de compilateurs le font automatiquement, ils le feraient par exemple à l'intérieur d'une boucle alors que le test sur la valeur finale serait suffisant). La taille réellement utilisée peut être inférieure ou égale à la dimension du tableau, les composantes au delà de la taille utilisée peuvent être mises à 0 mais cela n'a aucun intérêt, sauf si on interdit le 0 dans le tableau (cas des caractères, en C).

Nous allons travailler dans un premier temps sur des tableaux de flottants. Nous utiliserons des tableaux dont le premier indice est 0 puisque c'est la seule possibilité en C, et la solution optimale dans les autres langages puisque nécessitant moins de calculs dans le code compilé. Si tous les tableaux utilisés ont la même dimension, on peut définir de manière globale :

#define composante float
#define dim_tus 100
typedef composante type_tus[dim_tus];
Ces déclarations sont nécessaires dans les langages effectuant un contrôle très strict des types de données (comme le Pascal) et refusant de combiner des tableaux de tailles différentes. En C, nous pouvons préparer des fonctions sur tous tableaux de réels, quelle que soit leur dimension :
#define composante float
typedef composante type_tus[]; /* ou typedef composante *type_tus */
C'est cette seconde déclaration que nous utiliserons dans les exemples suivants.

Remarque : dans notre cas il peut être intéressant de définir un tableau comme une structure regroupant le tableau, sa dimension et sa taille effective.

fonctions de base (fichier inclus base_tus)

Les fonctions de base sur les tableaux unidimensionnels sont l'initialisation du tableau, l'ajout d'une valeur en fin du tableau, et l'affichage de tout le tableau :
void init_tus(type_tus tab,int *taille,int dim)
 {
  int i;
  for(i=0;i<dim;i++) tab[i]=0;
  *taille=0;
 }
L'initialisation à 0 n'est pas nécessaire dans la plupart des cas. La taille est passée par adresse puisque modifiée par la fonction init_tus.
int ajoute_val_tus(type_tus tab,int *taille,int dim,composante val)
/* retourne 0 si tout s'est bien passé, 1 si erreur */
 {
  if (*taille>=dim)
   {
    puts("dépassement de capacité du tableau");
    return(1);
   }
  /* le else n'est pas nécessaire du fait du return précédent */
  tab[(*taille)++]=val;
  return(0);
 }

void affiche_tus(type_tus tab,int taille)
 {
  int i;
  for(i=0;i<taille;i++) printf("%dième valeur :
%f\n",i+1,tab[i]);
 }
Les déclarations globales et fonctions ci-dessus étant recopiées dans le fichier "base_tus", nous pouvons écrire le programme suivant (ex_tus) :
#include <stdio.h>
#include "base_tus.inc"
#define dim 100
void main(void)
 {
  int nb;
  composante v,t[dim];
  init_tus(t,&nb,dim);
  do
   {
    printf("entrez la %dième note (fin si <0 ou >20) :",nb+1);
    scanf("%f",&v);
    if(v<0||v>20) break; /* on aurait pu le mettre 
                                dans la condition du while */
   }
  while (!ajoute_val_tus(t,&nb,dim,v));
  affiche_tus(t,nb);
 } 
Exercice (tusexo_a) : modifier ce programme pour qu'il calcule la moyenne et affiche, pour chaque note, l'écart avec la moyenne (ce qui nécessite l'utilisation d'un tableau car il faut d'abord calculer la moyenne puis utiliser les notes mémorisées auparavant).

manipulations dans les tableaux (mani_tus)

L'insertion et la suppression de composantes d'un tableau nécessitent des décalages des autres composantes du tableau:
void suppr_tus(type_tus tab,int *taille,int position)
 {
  int i;
  if(position>=*taille||position<0)return;
  (*taille)--;
  for(i=position;i<*taille;i++)tab[i]=tab[i+1];
 }
On peut remarquer que la suppression de la dernière composante n'entraîne aucun décalage.
int insert_tus(type_tus tab,int *taille,int dim,int position,composante val)
/* retourne 0 si pas d'erreur */
 {
  int i;
  if(position<0)return(1);
  if(position>*taille)position=*taille;
  if (*taille>=dim)
   {
    puts("dépassement de capacité du tableau");
    return(2);
   }
  for(i=*taille;i>position;i--)tab[i]=tab[i-1];
  tab[position]=val;
  (*taille)++;
  return(0);
 }
Le décalage doit se faire par indice décroissant (par indice croissant, on recopierait progressivement la composante à l'indice position dans tout le reste du tableau).

Les rotations sont également des manipulations fréquentes sur les tableaux :

void rot_gauche_tus(type_tus tab,int taille)
 {
  composante tampon;
  int i;
  tampon=tab[0];
  for(i=1;i<taille;i++)tab[i-1]=tab[i];
  tab[taille-1]=tampon;
 }
void rot_droite_tus(type_tus tab,int taille)
 {
  composante tampon;
  int i;
  tampon=tab[taille-1];
  for(i=taille-1;i>0;i--)tab[i]=tab[i-1];
  tab[0]=tampon;
 }
Exercice (tusexo_b) : faire un programme permettant de tester ces fonctions, à l'aide d'un menu permettant d'essayer dans n'importe quel ordre ces fonctions.

tris

généralités (valables également pour d'autres types de données)

Les exemples qui suivent traitent des tableaux de flottants, les méthodes étant identiques pour tout type de composante à condition d'y définir une relation d'ordre (par exemple, pour des chaînes de caractères on utilisera strcmp au lieu de <, > et =). Mais il ne faut pas oublier que l'efficacité de l'algorithme dépend également des types de données traitées : une comparaison de chaînes de caractères étant relativement longue, les algorithmes effectuant beaucoup de tests seront moins efficaces qu'avec des flottants. De même, les tableaux trop gros pour entrer en mémoire devront être traités sur support externe, rendant l'accès aux données (plusieurs millisecondes) bien plus lent que les tests ou calculs (micro voire nanosecondes). Dans les cas plus complexes, comme par exemple les tableaux de structures, on appelle clef le champ servant pour le tri (par exemple le nom pour un tableau contenant nom, prénom, adresse,...). Dans ce cas, les calculs sur les clefs seront souvent plus rapides que les déplacements des structures entières. Les méthodes de tris présentées ici sont souvent utilisables également avec les autres types de données, mais les conclusions sur leur efficacité varieront. On qualifiera de stable un tri laissant dans le l'ordre initial les éléments de clef identique (par exemple, un stock saisi au fur et à mesure des arrivées de matériel, le classement par ordre alphabétique gardant les matériels de même nom dans leur ordre d'arrivée sera stable). Tous les algorithmes décrits ici sont stables, à condition d'y prendre garde (scruter le tableau du début vers la fin et non l'inverse par exemple). Dans ce chapitre, nous noterons N le nombre de composantes du tableau (appelé taille auparavant).

le tri bulle

Cet algorithme est relativement connu, bien qu'il soit rarement efficace (en termes de temps de calcul, le tri est néanmoins correct, bien évidement). Il consiste à balayer tout le tableau, en comparant les éléments adjacents et les échangeant s'ils ne sont pas dans le bon ordre. Un seul passage ne déplacera un élément donné que d'une position, mais en répétant le processus jusqu'à ce plus aucun échange ne soit nécessaire, le tableau sera trié. (bull_tus)
void tri_bulle_tus(type_tus tab, int N)
 {
  int ok,i;
  composante tampon;
  do
   {
    ok=1; /* vrai */
    for(i=1;i<N;i++) if(tab[i-1]>tab[i])
     {
      ok=0;
      tampon=tab[i-1];
      tab[i-1]=tab[i];
      tab[i]=tampon;
     }
   }
  while(!ok);
 }
Ce tri va nécessiter un grand nombre de déplacements d'éléments, il est donc inutilisable dans les cas où ces déplacements sont coûteux en temps. Il va nécessiter N-1 boucles principales dans le cas où le dernier élément doit être placé en premier. Le nombre de boucles internes maximal est donc de l'ordre de (N-1)2. Il peut par contre être intéressant quand le tableau initial est déjà pré-trié, les éléments n'étant pas disposés trop loin de leur position finale (par exemple classement alphabétique où les éléments sont déjà triés par leur première lettre).

Plutôt que de déplacer un élément dans une position meilleure que la précédente mais néanmoins mauvaise, les deux algorithmes qui suivent tentent de déplacer les éléments directement en bonne position.

le tri par insertion

Plutôt que de déplacer les éléments d'une position, on peut prendre un élément après l'autre dans l'ordre initial, et le placer correctement dans les éléments précédents déjà triés, comme on le fait lorsque l'on classe ses cartes à jouer après la donne (inse_tus) :
void tri_insertion_tus(type_tus tab, int N)
 {
  int pt,ppg; /* position testée, premier plus grand */
  composante tampon;
  for(pt=1;pt<N;pt++)
   {
    ppg=0;
    while(tab[ppg]<=tab[pt]&&ppg<pt)ppg++;
    if(ppg<pt)
     {
      tampon=tab[pt];
      suppr_tus(tab,&N,pt);
      insert_tus(tab,&N,32767,ppg,tampon); /* je suis sur de ne pas
              dépasser la dimension puisque je viens de supprimer un
              élément */
     }
   }
 }
Le nombre maximal de boucles internes est descendu à N(N-1)/2, on a au maximum N-1 couples de suppression/insertion mais qui eux effectuent en moyenne environ N/2 échanges d'éléments, ce qui amène un maximum d'échanges de l'ordre de N2, ce qui n'est pas satisfaisant. On peut néanmoins améliorer l'implantation de cet algorithme en optimisant la recherche de la position d'un élément dans la partie déjà triée, par dichotomie par exemple (voir chapitre sur les recherches), ainsi qu'en améliorant le couple suppression/insertion (ne décaler que les éléments entre la position finale et la position initiale, par une rotation à droite). On remplace la boucle principale par :
  for(pt=1;pt<N;pt++)
   {
    dpg=pt-1;
    tampon=tab[pt];
    while(tab[dpg]>tampon&&dpg>=0)
       {tab[dpg+1]=tab[dpg];dpg--;}
    tab[dpg+1]=tampon;
   }
Le tri par insertion peut être intéressant pour des tableaux ayant déjà été triés, mais où l'on a rajouté quelques nouveaux éléments en fin de tableau (dans ce cas il faut améliorer l'implantation pour découvrir rapidement le premier élément mal placé, puis utiliser l'algorithme complet pour les éléments restants). Dans les autres cas, il sera plutôt réservé aux types de données permettant une insertion rapide (listes chaînées par exemple).

le tri par sélection

Le but est désormais de déplacer chaque élément à sa position définitive. On recherche l'élément le plus petit. Il faut donc le placer en premier. Or cette position est déjà occupée, on se propose donc d'échanger les deux éléments. Il ne reste plus qu'à répéter l'opération N fois (sele_tus):
void tri_selection_tus(type_tus tab, int N)
 {
  int pd,pp,i; /* place définitive, plus petit */
  composante tampon;
  for(pd=0;pd<N-1;pd++)
   {
    pp=pd;
    for(i=pp+1;i<N;i++) if(tab[i]<tab[pp])pp=i;
    tampon=tab[pp];
    tab[pp]=tab[pd];
    tab[pd]=tampon;
   }
 }
Chaque échange met un élément en position définitive, l'autre par contre est mal placé. Mais aucun échange n'est inutile. Un élément qui a été bien placé ne sera plus testé par la suite. Le nombre de boucles internes est environ N(N-1)/2, ce qui est meilleur que le tri bulle, mais toujours de l'ordre de N2. Par contre le nombre de déplacements d'éléments est au maximum de 2(N-1), la moitié étant des déplacements nécessaires, ce qui est faible pour un fichier en désordre total, mais n'est pas optimal pour les fichiers dont la première partie est déjà classée (et grande par rapport à la taille totale). Une amélioration possible serait d'essayer de placer le second élément de l'échange dans une position pas trop mauvaise, à condition que cette recherche ne soit pas elle même plus gourmande en temps.

le tri shell

C'est une amélioration du tri par insertion : au lieu d'effectuer une rotation de tous les éléments entre la position initiale et finale (ou du moins meilleure) d'un élément, on peut faire des rotations par pas de P, ce qui rendra le fichier presque trié (chaque élément sera à moins de P positions de sa position exacte). On répète ce tri pour P diminuant jusqu'à 1. Une suite possible pour P est de finir par 1, les pas précédents étant de 4, 13, 40, 121, 364, 1093... (Pi=3*Pi-1 +1). D'autres suites sont évidement possibles, à condition de prendre des valeurs qui ne soient pas multiples entre elles (pour ne pas toujours traiter les mêmes éléments et laisser de côté les autres, par exemple les puissances successives de 2 ne traiteraient que les positions paires, sauf au dernier passage. Exemple d'implantation (shel_tus) :
void tri_shell_tus(type_tus tab, int N)
 {
  int pt,dpg,P; /* position testée,dernier plus grand */
  composante tampon;
  for(P=1;P<=N/9;P=3*P+1); /* calcul de P initial (<=N/9) */
  for(;P>0;P/=3) /* inutile de soustraire 1 car division entière */
   {
    for(pt=P;pt<N;pt++)
     {
      dpg=pt-P;
      tampon=tab[pt];
      while(tab[dpg]>tampon&&dpg>=P-1) 
                {tab[dpg+P]=tab[dpg];dpg-=P;}
      tab[dpg+P]=tampon;
     }
   }
 }
L'intérêt de ce tri, bien qu'il ait une boucle autour du tri par insertion, est qu'il crée rapidement un fichier presque trié, le dernier tri par insertion sera donc beaucoup plus rapide. Il est en général plus rapide que le tri par insertion pour les fichiers complètement mélangés, mais pour certains tableaux et pour certaines suites de P, il peut être bien plus mauvais que les autres tris.

le tri rapide (Quick Sort)

Ce tri est récursif. On cherche à trier une partie du tableau, délimitée par les indices gauche et droite. On choisit une valeur de ce sous-tableau (une valeur médiane serait idéale, mais sa recherche ralentit plus le tri que de prendre aléatoirement une valeur, par exemple la dernière), que l'on appelle pivot. Puis on cherche la position définitive de ce pivot, c'est à dire qu'on effectue des déplacements de valeurs de telle sorte que tous les éléments avant le pivot soient plus petits que lui, et que toutes celles après lui soient supérieures, mais sans chercher à les classer pour accélérer le processus. Puis on rappelle récursivement le tri de la partie avant le pivot, et de celle après le pivot. On arrête la récursivité sur les parties à un seul élément, qui est donc nécessairement triée. (Quick_tus)
void tri_rapide_tus(type_tus tab,int gauche,int droite)
 {
  int g,d;
  composante tampon,val;
  if(droite<=gauche)return; /* fin de récursivité 
                         si tableau d'une seule case à trier */
  /* choix du pivot : on prend par exemple la valeur de droite */
  val=tab[droite];
  g=gauche-1;
  d=droite;
  do
   {
    while(tab[++g]<val); /* g pointe le premier élément
              (à gauche) plus grand (ou égal) que le pivot */
    while(tab[--d]>val); /* d pointe le premier élément
              (par la droite) plus petit (ou égal) que le pivot */
    if(g<d) /* si g et d ne se sont pas rencontrés, on
              échange les contenus de g et d et on recommence */
        {tampon=tab[g];tab[g]=tab[d];tab[d]=tampon;}
   }
  while(g<d); /* on sort quand g a rencontré d, alors tous les
      éléments à gauche de g sont <= au pivot, tous ceux
      à droite de d sont >= */
/* on place le pivot en position g (d serait aussi possible), donc dans sa
   bonne position (tous ceux à gauche sont <=, à droite sont >=) */
  tampon=tab[g];tab[g]=tab[droite];tab[droite]=tampon;
  /* il ne reste plus qu'à trier les deux parties, à droite
     et à gauche du pivot */
  tri_rapide_tus(tab,gauche,g-1);
  tri_rapide_tus(tab,g+1,droite);
 }
On appelle le tri d'un tableau complet par : tri_rapide_tus(tableau, 0, N-1). On peut remarquer que cette implantation du tri n'est pas stable, mais peut l'être en gérant les égalités avec le pivot, mais en ralentissant le tri. On effectue dans la boucle deux tests (g<d), on peut supprimer le second par une boucle infinie et un break dans le if. Ce tri fait en moyenne 2Nlog(N) boucles, sur des fichiers bien mélangés, mais N2 sur un fichier déjà trié (et dans ce cas la profondeur de récursivité est N, ce qui est prohibitif). Mais ces boucles sont longues et gourmandes en mémoire du fait de la récursivité: chaque appel de fonction est assez long, il faut mémoriser l'état actuel. On peut optimiser le tri en remplaçant la récursivité par des boucles (obligatoire si le langage utilisé n'est pas récursif), ce qui évite d'empiler des adresses, mais la gestion des variables locales doit être remplacée par gestion par pile (voir plus loin) pour mémoriser les sous-tris en attente, ce qui permettra d'accélérer le tri mais nécessite une programmation complexe (rappel : la récursivité sera automatiquement supprimée par le compilateur, cette transformation par le programmateur peut être plus efficace).

Plutôt que d'arrêter la récursivité sur des sous-tableaux de taille 1, on peut s'arrêter avant (entre 5 et 25 en général) pour éviter une profondeur de récursivité trop importante. Le fichier est alors presque trié, on peut alors effectuer un tri par insertion qui dans ce cas sera très rapide. Une autre amélioration possible est de mieux choisir le pivot. la solution idéale est de trouver à chaque fois la valeur médiane du sous-tableau à trier, mais sa recherche précise rend le tri plus lent que sans elle. Une solution quelquefois utilisée est de prendre par exemple trois valeurs, pour en prendre la valeur médiane, par exemple tab[droite], tab[gauche] et tab[(droite+gauche)/2] (dans le cas d'un fichier parfaitement mélangé, le choix de trois positions n'a pas d'importance, mais dans des fichiers presque triés le choix ci-dessus est plus judicieux). La totalité de ces améliorations peut apporter un gain de l'ordre de 20% par rapport à la version de base.

le tri par création

Lorsqu'il est nécessaire de disposer simultanément du tableau initial et du tableau trié, on peut recopier le tableau initial puis effectuer un tri sur la copie, ou adapter un des algorithmes précédents. Par exemple, à partir du tri par sélection, l'algorithme consiste à rechercher l'élément le plus petit, le copier en première position du tableau final, rechercher le suivant, le placer en seconde position, etc... En cas d'éléments identiques, il y a lieu de marquer les éléments déjà choisis, par exemple à l'aide d'un troisième tableau d'indicateurs (le tri est alors stable), ou suivant l'exemple (crea_tus) ci-dessous (ceci n'est qu'un exemple, d'autres possibilités existent) :
int le_suivant(type_tus ti, int taille, int precedent)
 {
  int pos,i;
/* 1) recherche du premier égal au précédent */
  pos=precedent+1;
  while(pos<taille&&ti[pos]!=ti[precedent])pos++;
  if(pos<taille)return(pos);
/* 2) sinon, recherche du suivant mais différent dans tout le tableau */
  pos=0;
  while(ti[pos]<=ti[precedent])pos++; /* le 1er > precedent */
  for(i=pos+1;i<taille;i++) /*le plus petit dans la suite */
    if(ti[i]>ti[precedent]&&ti[i]<ti[pos])pos=i;
  return(pos);
 }

void tri_creation_tus(type_tus ti, type_tus tf, int taille)
/* ti tableau initial, tf tableau final (trié) */
 {
  int i,imin=0;
  for(i=1;i<taille;i++)if(ti[i]<ti[imin])imin=i;
  tf[0]=ti[imin];
  for(i=1;i<taille;i++)
   {
    imin=le_suivant(ti,taille,imin);
    tf[i]=ti[imin];
   }
 }
On peut remarquer que ce tri minimise le nombre de copies des éléments, mais nécessite beaucoup de comparaisons de clefs (en particulier un élément déjà sélectionné sera encore comparé par la suite). Ceci peut être acceptable pour un fichier séquentiel à grands champs, sur bande par exemple, mais dont les clefs peuvent être stockées complètement en mémoire. On verra d'autres propositions dans le cas des fichiers.

d'autres tris

Suivant les données à trier, il peut être plus efficace de construire un algorithme de tri spécifique. Par exemple, si le tableau contient un grand nombre de valeurs similaires (exemple : gestion annuelle d'un stock où la plupart des articles entrent et sortent plusieurs fois par jour), on peut utiliser l'algorithme simple (par création) consistant à rechercher l'élément le plus petit, compter le nombre de ces éléments, les mettre dans le tableau destination, et répéter l'opération jusqu'à la fin du fichier destination. C'est le tri par comptage. Dans le cas où le nombre de clefs différentes est suffisamment faible, on peut utiliser un tableau de compteurs, ce qui permet d'effectuer le comptage en un seul balayage du fichier.

Dans la cas où les clefs sont bornées (c'est à dire comprises entre un minimum et un maximum connus à l'avance) et en nombre fini, on peut utiliser le tri basique : par exemple si toutes les clefs sont des entiers entre 000 et 999, on peut séparer le tableau en 10 parties en fonction des centaines, puis récursivement traiter les dizaines puis les unités (tri en base 10). Evidement, un tri en base 2 sera plus efficace sur ordinateur : on part à gauche ,on avance jusqu'à trouver un nombre commençant par 1, puis par la droite jusqu'à trouver un nombre commençant par 0, les échanger et continuer jusqu'à croisement des deux côtés. Puis on recommence (récursivement par exemple) sur le bit suivant, jusqu'à tri complet. Pour trier des clefs alphabétiques, on peut effectuer un tri en base 26, sur les N premiers caractères (N pouvant valoir 2 ou 3 par exemple), le fichier est alors presque trié. Il est alors plus efficace d'effectuer un tri par insertion (passe de finition) plutôt que de répéter le tri basique jusqu'à tri complet.

Le tri par fusion utilise un algorithme de fusion de deux tableaux triés en un seul plus grand, appelé récursivement sur les deux moitiés du tableau, jusqu'à une taille de tableau de 1 (ou plus, avec un tri spécifique pour petits tableaux, par exemple par échange sur des sous-tableaux de 3 éléments)

recherches

On a souvent besoin de rechercher, dans un grand tableau, la position d'un élément donné. Un point particulier à ne pas oublier pour tous les algorithmes est le traitement du cas où l'élément cherché n'est pas dans le tableau. Une autre caractéristique importante d'un algorithme de recherche est son comportement désiré en cas d'éléments identiques (doit-il donner le premier, le dernier, tous ?).

la recherche séquentielle

Il suffit de lire le tableau progressivement du début vers la fin. Si le tableau n'est pas trié, arriver en fin du tableau signifie que l'élément n'existe pas, dans un tableau trié le premier élément trouvé supérieur à l'élément recherché permet d'arrêter la recherche, de plus cette position correspond à celle où il faudrait insérer l'élément cherché pour garder un tableau trié. Une recherche sur un tableau trié nécessitera en moyenne N/2 lectures, mais on se rapprochera de N pour un fichier non trié avec beaucoup de recherches d'éléments inexistants.
int rech_sequentielle_tus(type_tus tab, int N, composante val)
/* rend -1 si val non trouvée, première occurence trouvée sinon */
 {
  int i;
  for(i=0;i<N;i++)if(tab[i]==val)return(i);
  return(-1);
 }

la dichotomie

Dans le cas d'un tableau trié, on peut limiter le nombre de lectures à log(N)+1, en cherchant à limiter l'espace de recherche. On compare la valeur cherchée à l'élément central du tableau, si ce n'est pas la bonne, un test permet de trouver dans quelle moitié du tableau on trouvera la valeur. On continue récursivement jusqu'à un sous-tableau de taille 1. Il vaut bien mieux implanter cet algorithme de manière itérative, car la fonction se rappelle jusqu'à trouver la position désirée, puis seulement on effectue les dépilages, alors que l'on n'a plus besoin des états intermédiaires qui ont été mémorisés par la récursivité puisque le problème est résolu.
int rech_dichotomie_tus(type-tus tab, int N, composante val)
 {
  int g,m,d; /* gauche, milieu, droite */
  g=0;d=N;
  while (g<=d)
   {
    m=(g+d)/2; /* division entière */
    if(val<tab[m])d=m-1;
    else if(val>tab[m])g=m+1;
    else return(m)
   }
  return(-1);
 }
L'utilisation de la variable m permet d'éviter plusieurs calculs de (g+d)/2. Dans certains cas il peut être intéressant de prévoir également une mémorisation de tab[m], mais pas pour les tableaux puisqu'ils permettent d'accès direct. L'ordre des tests est important, l'égalité ayant statistiquement moins de chances, elle doit être traitée en dernier (donc faire le maximum de tests dans le cas le moins probable). Si on avait traité l'égalité en premier, tous les autres cas auraient nécessité deux tests, l'égalité puis la sélection de la partie droite ou gauche. En cas de multiples éléments correspondants à la valeur cherchée, on retourne la position de l'un d'eux, mais pas nécessairement le premier ou le dernier. Pour retourner le premier par exemple, il suffit de rajouter une boucle testant l'égalité vers la gauche, à n'effectuer qu'une seule fois bien évidement, lorsque une valeur adéquate a été localisée. On peut améliorer l'algorithme en comparant val à tab[g] et tab[d], pour estimer la position recherchée plutôt que de la supposer au milieu, comme on effectue une recherche dans un dictionnaire : m=g+(int)((val-tab[g])*(d-g)/(tab[d]-tab[g])). Attention, ce calcul se fait sur des composantes (par exemple des flottants), ce qui est toujours plus long que de simples calculs sur des entiers.

calculs mathématiques

Les tableaux unidimensionnels permettent de résoudre simplement divers problèmes mathématiques. Nous allons en traiter certains.

calcul vectoriel

L'utilisation des tableaux statiques est bien indiquée pour le calcul vectoriel. En effet, toutes les variables seront de même dimension. Il est aisé de prévoir une bibliothèque de fonctions vectorielles comportant toutes les opérations de base (multiplication par un réel, produit scalaire, produit vectoriel, produit mixte, norme...). Un grand nombre de problèmes géométriques se résoudront bien plus facilement par calcul vectoriel que de manière paramétrique.

polynômes

Une manière (mais il y en a d'autres) de représenter un polynôme est le tableau de ses coefficients. Par exemple f(x)=4x3+x+2 sera représenté par le tableau 2,1,0,4 (en mettant le coefficient de xi en position i). L'évaluation d'un polynôme (c'est à dire le calcul de sa valeur pour un x donné) ne doit pas utiliser de fonction puissances mais uniquement des multiplications successives, puisque toutes les puissances intermédiaires sont nécessaires. La somme de polynômes est triviale (somme des coefficients), le produit à peine plus compliqué (à moins que l'on ait besoin d'une optimisation poussée, dans ce cas on peut réduire d'1/4 le nombre de multiplications mais avec une complexité accrue). La résolution de l'équation f(x)=0 (recherche de racines) peut se faire par dichotomie par exemple (il faut alors donner le premier intervalle de recherche), en cas de racines multiples on en trouve une au hasard. Une recherche de racines plus efficace nécessite des algorithmes complexes, rarement universels (c'est à dire que dans certains cas ils ont un résultat déplorable, voire faux ou plantage de l'ordinateur en cas de divergence) qui ne seront pas traités ici, mais une littérature abondante existe sur ce sujet.

L'interpolation polynomiale correspond elle à la recherche d'une courbe polynomiale passant par N+1 points donnés : P(xi)=yi pour i entre 0 et N. La solution la plus simple consiste à choisir le polynôme de Lagrange (d'ordre N):

N


N

P(x)=
Sigma
( yj
Pi
(x-xi)/(xj-xi) )

j=0

i=0

i!=j


qui est le plus rapide à déterminer mais donne des résultats décevants pour N assez grand (100 par exemple), puisque les seules conditions imposées sont des points de passage, on obtient (souvent près des points extrêmes) une courbe assez "folklorique" entre certains points. Une méthode souvent plus satisfaisante est l'utilisation des "splines", qui cherche parmi les multiples polynômes d'ordre N passant par N+1 points celui qui minimise une quadratique (en fait, correspond à la minimisation de l'énergie de déformation d'une poutre passant par ces points, d'où le nom de spline, "latte" en anglais) (voir mon support de cours sur l'infographie). Ou alors on peut utiliser une approximation (polynôme d'ordre M<N) passant au voisinage des points (par exemple moindres carrés).

tableaux multidimensionnels

Un tableau à N dimensions est en fait un tableau unidimensionnel de tableaux de N-1 dimensions. Tout ce qui a été présenté auparavant reste donc valable. La décision d'utiliser des tableaux multidimensionnels doit être bien réfléchie : ces tableaux nécessitant beaucoup de mémoire, il faut évaluer le ratio de composantes utiles par rapport aux places mémoire utilisées. Par exemple un tableau 10x10x10 utilisant dans chacune des 3 directions une seule fois les 10 mémoires prévues, les autres fois on s'arrête en moyenne à 7 (si ce n'est pas moins), réserve 1000 mémoires, dont seulement 352 utiles (7x7x7+3+3+3).

Outre les tableaux de chaînes de caractères, les tableaux multidimensionnels les plus utilisés sont les matrices Les algorithmes de base du calcul matriciel (base_mat) sont la mise à 0, la recopie, l'addition et le produit de matrices, qui sont simples à mettre en place (le produit entraîne néanmoins N3 multiplications, des algorithmes plus performants existent mais ne commencent à être rentables que pour N très grand, entre 10000 et un million !).

Par contre, le problème de l'inversion d'une matrice est plus complexe. Elle est utilisée principalement pour la résolution de N équations à N inconnues, représentées par une matrice NxN. La méthode de Gauss est certainement la plus simple à mettre en oeuvre, bien que pouvant poser problème dans certains cas particuliers. On utilise en fait la méthode de résolution d'un système d'équations A.X=B par substitution. Nous allons le préciser sur un exemple :


1

1
-2



x1



2



1
3
-4

*

x2

=

6



-1
-2
6



x3



-1




A




X



B

On utilise le fait que de remplacer une ligne du système d'équations par une combinaison linéaire entre elle et d'autres lignes ne modifie pas le résultat, pour éliminer le premier élément de la seconde ligne. En soustrayant la première ligne à la seconde on obtient :


1

1
-2



x1



2



0
2
-2

*

x2

=

4



-1
-2
6



x3



-1

Puis on élimine les deux premiers éléments de la troisième ligne (on ajoute la première puis on ajoute 1/2 fois la seconde) :


1

1
-2



x1



2



0
2
-2

*

x2

=

4



0
0
1



x3



1

On peut désormais résoudre le système (en commençant par le bas) : x3=1, donc (seconde ligne) 2x2-2.1=4, donc x2=3, donc (première ligne) x1+3-2.1=2 donc x1=1.

void gauss_triangulation_simpliste(type_mat A,type_mat B, int N)
/* A de taille (N,N), B (N,1). On aurait pu gagner de la place en prenant B
   tableau unidimensionnel, ou même le rajouter en colonne N de A */
 {
  int ce,l,c;
  composante coef;
  for(ce=0;ce<N-1;ce++) /* ce=col à effacer (dans les lignes SUIVANTES) */
    for(l=ce+1;l<N;l++) /* pour chaque ligne au dessous */
     {
      coef=A[l][ce]/A[ce][ce];
      A[l][ce]=0; /* normalement pas besoin de le calculer */
      for(c=ce+1;c<N;c++) A[l][c]-=coef*A[ce][c];
      B[l][0]-=coef*B[ce][0];
     }
 }
Si ces substitutions font apparaître une ligne de 0, soit le système admet une infinité de solutions (0=0, une ligne est une combinaison linéaire des autres), soit aucune (0=N). Mais cette méthode n'est pas directement applicable pour des coefficients réels (ou du moins flottants). En effet, si les substitutions précédentes ont amené un coefficient nul, on obtient une division par zéro. S'il est proche de 0, l'utilisation de ce coefficient pour en annuler d'autres nécessitera un multiplicateur très grand, ce qui entraînera une multiplication importante de l'erreur inhérente à l'utilisation de réels et donc un résultat faux (en fait on se trouvera en présence de coefficients d'ordre de grandeur très différent, et donc les petits deviendront négligeables devant l'erreur sur les très grands). La solution est de ne pas traiter les lignes dans l'ordre mais pour une colonne donnée, choisir pour celle qui aura son premier terme non nul celle dont ce terme est le plus grand (on l'appelle le pivot). Il suffit alors d'échanger la ligne que l'on veut traiter avec la ligne contenant le pivot (échanger des lignes d'un système d'équations ne modifie pas la solution) (gauss):
void gauss_triangulation(type_mat A,type_mat B, int N)
 {
  int ce,l,c,lpivot;
  composante coef;
  for(ce=0;ce<N-1;ce++) /* ce=colonne à effacer */
   {
/*Recherche du pivot le + grand possible (dans les lignes qui restent)*/
    lpivot=ce;
    for(l=ce+1;l<N;l++)if(fabs(A[l][ce])>fabs(A[lpivot][ce]))lpivot=l;
/*Echange de la ligne du pivot et de la ligne ce (ne pas oublier B)*/
    for(c=ce;c<N;c++) /*tous les termes devant ce sont nuls*/
      {coef=A[ce][c];A[ce][c]=A[lpivot][c];A[lpivot][c]=coef;}
    coef=B[ce][0];B[ce][0]=B[lpivot][0];B[lpivot][0]=coef;
/*Suite de l'algorithme, comme le cas simpliste */
    for(l=ce+1;l<N;l++) /* pour chaque ligne au dessous */
     {
      coef=A[l][ce]/A[ce][ce];
      A[l][ce]=0;
      for(c=ce+1;c<N;c++)
        A[l][c]-=coef*A[ce][c];
      B[l][0]-=coef*B[ce][0];
     }
   }
 }
Une fois la matrice A triangulée, il ne reste plus qu'à déterminer la matrice colonne solution X:
void gauss_resolution(type_mat A,type_mat B,type_mat X,int N)
 {
  int l,c;
  composante tampon;
  for(l=N-1;l>=0;l--)
   {
    tampon=B[l][0];
    for(c=l+1;c<N;c++)tampon-=A[l][c]*X[c][0];
    X[l][0]=tampon/A[l][l];
   }
 }
Remarque : on pourrait retourner le résultat dans B (si l'utilisateur désire le garder, il lui suffirait de le copier avant). Ceci économise le tableau X et le tampon.

D'autres algorithmes existent, mais ils ne sont plus efficaces que Gauss que pour de très grosses matrices. Mais souvent les grosses matrices possèdent des propriétés particulières nécessitant d'utiliser d'autres structures de données que les tableaux à 2 dimensions (en cas de matrices triangulaires, symétriques, bandes, en "ligne de ciel", creuses..., voir paragraphe 11.3.2), pour lesquelles Gauss n'est pas la meilleure solution, car la triangulation supprime ces propriétés.

conclusions

Les tableaux unidimensionnels statiques sont d'une utilisation simple. Ils permettent un accès direct (donc quasi immédiat) à une donnée dont on connaît la position. Les seules manipulations de base rapides sont l'insertion et la suppression en fin du tableau. La dimension du tableau doit être connue (ou du moins maximisée) dès la phase d'écriture du programme, ces tableaux sont donc intéressants dans le cas de dimensions petites ou presque constantes.


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